12 février 2007 1 12 /02 /février /2007 16:46
Une semaine déjà s’était écoulée : elle était à nouveau dans son cabinet.
Il n’avait pas vu le temps passer, sensation que c’était hier qu’il l’avait raccompagnée à la porte.
Etrange car ces derniers temps c’était plutôt l’impression contraire qu’il avait : l’attente entre deux séances - car c’était bien de ça dont il était question – paraissait toujours interminable.
Bref elle était là, allongée sur le sofa, la tête tournée vers lui, elle semblait attendre qu’il lui fasse signe de commencer.
Vraiment cette séance démarrait bizarrement, en fait elle se comportait comme au tout début de l’analyse : patiente, calme, souriante mais pas ce sourire carnassier du prédateur qui enlaidissait son visage dès qu’elle parlait du « manipulateur » qui avait bouleversé sa vie, non celui de la jeune femme issue d’un milieu où la bonne éducation est une tradition ancestrale.
Il s’enfonça dans son fauteuil, savourant la vague de chaleur qui déferlait dans son ventre rien qu'en la regardant, ces bouffées de désir contenu avaient un certain charme, le même que celui de l’interdit que l’on ne transgresse pas par choix, le côté : : si je voulais je le ferais... plus tard peut-être.
Elle attendait toujours sans bouger ni parler, il plongea une dernière fois son regard dans le sien et d’un hochement de tête il lui fit signe de commencer.
 
 
J’ai réfléchi au déroulement des séances de ces dernières semaines et plus particulièrement à ce que j’ai dit sur cette relation, comment elle avait pris place dans ma vie et comment je l'avais vécue au début.
J’en suis arrivé à la conclusion que j’avais mis la charrue avant les bœufs. D’ailleurs l’image de la charrue et des bœufs me semble parfaitement adaptée à la situation, j’ai l’impression d’avoir été une terre en friche qu’il avait labourée et ensemencée.
Je pense qu’avant d’aborder cette période tumultueuse de ma vie, il faut que je parle de ma vie sentimentale et plus particulièrement de la période qui a précédé mon mariage.
Oui c’est ça qu’il faut que je fasse. C’est pas votre avis ?
 
Sa question ne le surprit pas, elle avait retrouvé le comportement des premières séances où elle avait besoin « d’encouragements » de la part du thérapeute pour avancer.
 
« Cela me semble une bonne démarche. Comme je vous l’ai expliqué au début je vous accompagne sur le chemin mais c’est vous qui le choisissez, ce n’est pas à moi de vous emmener, vous ne me suivez pas, c’est le contraire qui doit se produire.
Continuez. »
 
Son visage s’illumina d’un sourire rayonnant, comme celui d’une enfant à qui on vient de faire un compliment et il aurait presque cru qu’elle allait se lever et venir l’embrasser. Il n’en fut rien, forte de cet assentiment elle reprit son monologue.
 
Alors voilà je n’ai jamais été une croqueuse d’hommes, j’adorais flirter, j’aimais embrasser et être embrassée, les caresses étaient pour moi une grande source de plaisir mais cela s’arrêtait là, du moins en ce qui me concernait. Je n’étais pas tentée par l’idée d’aller « plus loin », je considérais que l’acte sexuel se méritait de part et d’autre, c’était un cadeau mutuel et je n’avais pas envie de le partager avec n’importe qui.
La majorité de mes copines s’étaient déjà envoyées en l’air depuis qu’elles étaient en seconde alors que moi j’arrivais à l’université encore vierge, mais cela ne me gênait pas le moins du monde. Ca ne dérangeait pas non plus mes copines qui me disaient qu’elles n’allaient pas se plaindre d’avoir une concurrente de moins dans un monde où les femmes étaient en nombre supérieur à celui des hommes.
Je m’accommodais parfaitement de ces flirts un peu poussés et lorsque le feu dans mon ventre se faisait plus intense mon habileté avec mes mains faisait des miracles et calmait facilement ce désir de pénétration. Oui avec le temps j’avais découvert que j’étais capable d’avoir envie de ce que je ne connaissais pas comme si je l’avais déjà vécu.
Mémoire ancestrale je présume.
C’est au début du Printemps de cette première année en fac de lettres que je franchis le pas et perdis ma virginité.
Je ne sais pas si c’est parce qu’il faisait particulièrement chaud mais la température extérieure semblait avoir un effet torride sur les hormones de mes amies et notamment sur Marie, la plus « chaude » d’entre nous.
Je la revois entrer dans ma chambre un mardi en début d’après-midi, s’asseoir sur mon lit et nous annoncer le plus naturellement du monde :
 
« Je ne sais pas vous mais j’ai une de ces envies de baiser aujourd’hui c’est rien de le dire ! Je me suis masturbée quatre fois depuis ce matin et je ne suis toujours pas calmée. Les filles je ne sais pas encore qui , mais il y en a un qui va finir entre mes jambes avant la fin de la journée. »
 
Nous n’étions pas surprises par sa tirade, elle était coutumière du fait et estimait que ce type de propos et d’envies n’étaient pas réservés à la gente masculine. Mais étrangement les mots qu’elle venait de prononcer résonnèrent en moi, comme si je comprenais parfaitement ce qu’elle ressentait, j’en avais l’écho au creux des reins.
Deux heures plus tard Marie, Carole et moi étions assises au pied du Roi Place Bellecour où des copains de la Fac de Droit devaient nous rejoindre après leurs cours pour aller boire un verre… et plus si affinités comme avait dit Marie.
On n’eut pas à attendre longtemps, ils avaient dû décider de ne pas traîner en chemin – soif sûrement oui, mais de quoi ? – et c’est presque en courant qu’ils arrivèrent.
Ils étaient venus avec un garçon que nous n’avions encore jamais vu et qu’ils nous présentèrent rapidement : à dix huit ans on ne s’embarrasse pas de protocoles et de « bonnes manières. »
Il s’appelait Marc, c’était le fils du recteur de la Fac de Lettres où mes copines et moi étudions, il avait vingt ans et préparait sa licence de droit.
Ce que moi je retenais c’est qu’il avait un regard bleu pâle à faire fondre une nonne et chaque fois qu’il posait les yeux sur moi la température au creux de mon ventre grimpait de dix degrés. A force la chaise sur laquelle j’étais assise n’allait pas tarder à partir en fumée.
En plus il avait des traits fins presque féminins auxquels j’étais loin d’être insensible bien au contraire.
Sa voix avait quelque chose de cristallin et doux à la fois, plus le temps passait et plus j’étais séduite, mais plus le temps passait et plus je me demandais s’il n’était pas trop beau pour être vrai. N’y tenant plus je lui posais la question qui tue :
 
« T’es gay ? »
 
Il sourit avec l’air de celui pour qui il ne se passe pas une journée sans qu’on le lui demande et me dit que non, et que pour répondre à la question que je n’allais pas tarder à poser : il était célibataire en ce moment.
 
Marie qui avait entendu la fin de notre conversation se mit à rire et nous dit que c’est pas qu’elle s’ennuyait mais elle avait une urgence sexuelle niveau un, et qu’elle ne pouvait attendre plus longtemps. Elle se leva, attrapa le bras de son voisin de gauche, celui de son voisin de droite et leur dit :
« On va chez lequel de vous deux ? »
 
Et ils partirent tous les trois bras-dessus bras-dessous en riant aux éclats.
 
Carole nous regarda d’un air entendu et quitta la table en nous souhaitant une bonne soirée.
 
« Ne vous en faites pas pour moi, dit-elle, je ne terminerai pas la nuit toute seule, c’est juste un coup de fil à donner. »
 
Une fois Carole partie je posais ma main sur celle de Marc et lui dit :
 
« Tu l’étais mais tu ne l’est plus. »
 
Il me regarda étonné sans avoir l’air d’avoir compris.
 
« Célibataire tu l’étais, mais à partir de maintenant tu ne l’es plus… enfin dès que tu m’auras embrassée. »
 
Le tremblement qui agita sa main sous la mienne aurait dû m’alerter, mais tout à mes fantasmes et aux images qu’ils construisaient devant mes yeux, je n’en tins pas compte.
Je me penchais vers lui et lui offris mes lèvres. Il embrassait bien, un peu hésitant au début mais une fois que ma langue eut croisée la sienne il trouva sa vitesse de croisière.
Quatre baisers plus tard nous partîmes chez lui, chez moi il y avait ma mère, et ma sœur devait rentrer plus tôt du lycée aujourd’hui. C’est donc main dans la main que nous sommes allés dans son studio de la Rue Victor Hugo. Endroit cosy situé sous les toits où un immense canapé nous tendait les bras et nous ne le fîmes pas attendre. La chaleur qui embrasait mon ventre avait une saveur nouvelle et impérieuse qui ne laissait pas de place au doute : c’était aujourd’hui que j’allais franchir le pas. Et cette idée m’excitait plus encore. Nous jouâmes encore un peu au jeu des caresses mutuelles mais la lave qui coulait en moi brûlait mes dernières résistances : il m’en fallait plus, je sentais un immense vide en moi qu’il allait lui falloir combler, je me sentais « incomplète ».
Je me redressais et attrapant délicatement son sexe dans son caleçon, je fis coulisser doucement ma main autour en lui demandant s’il avait des préservatifs.
Je le sentis se crisper sous mes doigts, son bassin eut un mouvement de recul que je mis sous le compte de l’émotion mélangée au désir. J’accentuais ma pression et lui dis :
 
« J’ai envie de toi… viens je veux te sentir en moi… prends moi maintenant… »
 
Marc me regarda en face et ce qu’il sembla voir dans mes yeux ressemblait plus à de la panique qu'à de l'excitation. Il prononça alors ces mots que je n’ai jamais oubliés :
 
« Oui moi aussi j’en ai envie, mais on ferme les rideaux et on éteint la lumière d’abord. »
 
Avant qu’elle n’en dise plus l’analyste referma le dossier posé sur ses genoux, fit claquer sa langue et lui annonça la fin de la séance.
Elle s’accorda un moment de répit les yeux fermés, puis sans dire un mot elle se leva, mit son imper, ouvrit son sac et lui régla le montant de la séance.
Elle se dirigea vers la porte et se tournant vers lui :
 

« Pas la peine de me raccompagner je connais le chemin. A la semaine prochaine docteur. »

Episode Huit.

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commentaires

F
je reviens demain pour suivre l'épisode 7 et 8!big bisous (et bonne inspiration!)
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K
Rho t'es déjà à l'Episode 7 !!!!Tu n'as pas fait de pause sur les Episodes 3 à 6 ? Prise dans l'histoire tu n'as pas pu/su t'arrêter ? Dommage j'aimais bien lorsque tu donnais ton avis Episode par Episode...Et en plus je me suis arrêté à l'Episode 8 qui en plus a failli être ré-écrit devant les réactions des lecteurs ;-)Gros bisous too et avec plaisr !Merci va falloir que je m'y mette :0002:
L
Coucou Kildoux !<br /> Tu es attendu la : http://maporteouverte.over-blog.com/article-5645379.html<br /> Bisous LOLO
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K
Coucou Lauré' des Îles !<br /> Sorry cf. mon com' chez toi j'ai déjà fait cet exercice... <br /> Voir mon article du 11 février : De Sept en Deux...<br /> Next time...<br /> Bisous too.
S
k-Le kikou du jour :-)Très bonne St valentin (fête qui de mon coté ne change rien vu que je suis célibataire ^o^)Groooos bisoussugi la fourmiz
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K
Hello Ma Foumiz !<br /> Ke lis-je ? Toi Sugi la Fourmizzz fend la bizz tu n'as pas de Valentin ?<br /> Mais ils sont aveugles et intellectuellement limités les mecs autour de toi ou bien... Ils sont suisses ???<br /> Ah tiens pour la peine je t'offre ça !!!!<br />  <br /> <br />  <br />
L
Bonne st Valentin à toi mon cher Kildar et à ta Valentine !<br /> Bisous LOLO<br />
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K
Merci Ma Lauré' !<br /> Pareil pour toi et  ton Roméo :0075:
M
je relisais les com...le 1er de claire sur les années 70 et 80.....j'avais 20 ans en 80....pas de problèmes  de "vols"entre copines....parfois des emprunts....histoire de tester...pas de concurrence non plus....nous êtions souvent 3 ou 4 filles pour 6-7 "mâles"....<br /> par contre, beaucoup de libertinages.....le sida a été signalé en 83 je crois...je pense que de 70 à 84-85, les "couples" étaient plutôt cool.... <br /> je le vois comme ça.....mais je ne suis pas une généralité....<br /> bises<br />  
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K
Etonnant... Hormis une "courte" période de ma jeuneesse ( entre 1983 et 1985 ) j'ai toujours été dans des groupes où les filles étaient en majorité.<br /> J'étais souvent le seul mec dans un groupe de 4 à 6 copines et elles me considéraient comme une copine pas comme un mec et me racontaient leurs "aventures" amoureuses comme si jt une nana ;-)<br /> Merci de ton com'<br /> Bises too
C
Oui, je l'avoue, j'ai un faible pour les manipulateurs. Mais ça doit se voir suffisamment comme ça sur mon blog, je crois. :o)Pour ce qui est de Marc, laisse tomber, j'en ai déjà deux sur les bras, pas besoin d'un troisième, c'est déjà assez compliqué comme ça ! lol
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K
Ah oui ? :0049:... Il faudra que je regarde à nouveau alors .. :0002:<br /> Okette pour marc c'est parce que tu disais avoir envie de le "décoincer"  :0053:<br /> Merci de tes com' ils me touchent et me donnent vraiment envie de continuer...
C
Il est gratiné le Marc ! lolOn a qu'une envie c'est de le décoincer celui-là. Et, le claquement de la langue du psy, à la fin, est irrésistible je trouve. Bon, et bien tu sais déjà ce que je vais te dire. On attend. J'attends la suite... Mais bon, je vais avoir pitié de toi, je vais te laisser souffler un peu... :o))
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K
J'avoue que je suis assez content de lui... Plus peut-être que ne và l'être la "patiente" ;-)<br /> Ecoute si Marc contacte  je lui donnerait ton adresse e-mail ;-)<br /> Oui j'aime bien aussi son claquement de langue au psy 8-)<br /> Merci de tes com' et de me laissser souffler un peu ;-)
C
J'adore ça:<br /> « Cela me semble une bonne démarche. Comme je vous l’ai expliqué au début je vous accompagne sur le chemin mais c’est vous qui le choisissez, ce n’est pas à moi de vous emmener, vous ne me suivez pas, c’est le contraire qui doit se produire.<br /> Continuez. »Les psy sont tous des manipulateurs !!! lol
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K
Merci !<br /> Cela étant c'est réellement la ligne de pensée et de conduite d'un psy en analyse ;-)<br /> Je me trompe où tu as  un "faible" pour les manipulateurs ?<br />  
B
Waouh waouh waouh, c'est de plus en plus hot ton récit Kildar ;-)Et de plus en plus intéressant aussi !!Grrr dommage pour le couperet à la fin... j'ai hâte de savoir pourquoi ce si beau jeune homme est si pudique... il cache quelque chose non ?Bisous Kildar :-)Angel 85Bool
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K
Merci merci merci Miss M.<br /> J'avoue que "le couperet final" est un peu fait exprès... Juste histoire de vous garder en haleine.... Et mon expérience de l'analyse fait que j'ai en mémoire nombre de fins de scéances où alors que j'avais encore plein de "trucs" à dire mon psy disait une phrase du genre : Bon, on va s'arrêter là pour aujourd'hui.<br /> Tu sauras dans l'Episode 8 S'il cache quelque chose et si oui quoi ;-)<br /> Merci encore et bisous too Mon Angel 85Bool ;-)
C
Un passage m'a surpris :Ca ne dérangeait pas non plus mes copines qui me disaient qu’elles n’allaient pas se plaindre d’avoir une concurrente de moins dans un monde où les femmes étaient en nombre supérieur à celui des homme.De mes souvenirs de copines, personne n'aurait jamais dit cela. Peut-être une différence d'époque. A ce propos, je trouve qu'il y a vraiment une ambiance des années 70. C'est moi qui rêve ou pas ? Il y a une liberté sexuelle, qui n'était déjà plus celle-là dans les années 80, époque qui me correspond plus. Enfin, c'est une sensation que j'ai eu en te lisant.Je reprends la suite sur un autre com... :o)
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K
Ecoute si je me fie à ce que je sais... Effectivement dans les années 70 l'ambiance était assez proche de celle-là : Flower People, Make Love not war...<br /> Au début des années 80 il nous est arrivé en provenance des USA une vague "pur et vierge" jusqu'au mariage, ce qui n'empêchait pas les caresses poussées à la Monica.<br /> Puis au début des années 90 à nouveau est arrivée une vague de "free-sex" malgré la déferlante du Sida mais avec prise de conscience du danger et que la seule "vraie" parade était - mis à part l'abstinence - le préservatif.<br /> Cela étant c'est peut-être moi qui ait évolué dans un monde "à part" mais de 1970 à 1988 j'ai toujours évolué dans ce monde où les femmes et les hommes étaient libres et indépendants et exprimaient clairement leurs envies et désirs...<br /> Et mes enfants ne semblent pas vivre dans un monde différent...<br /> Merci Claire de ce premier com' ;-)